Vigiles, le dernier spectacle de Théâtre Group, une compagnie de la Coopérative De rue et de cirque (2R2C), tombe à pic en cette période de délire anti-Roms. Dans la rue Léopold Bellan (Paris 2e), une présence policière inhabituelle annonce un forum sur « la sécurité, première liberté », ironiquement étiqueté « journée citoyenne ». Difficile de savoir si ces uniformes bleus aux gueules patibulaires qui entourent le gymnase Jean Dame sont des flics ou des agents de sécurité. Certains passants, intrigués et défiants, grommellent sans pour autant élever le ton, de peur de se faire embarquer. Et quand deux molosses vous interpellent, secs et obtus comme les vigiles des Inconnus, on craint une seconde que ça ne soit pas une imposture.
Dans une salle du gymnase bercée par les bips des talkies-walkies, la conférence est présidée par un commandant de gendarmerie entouré de deux agents de Menouillard Security (Groupe Vigiconseil) qui citent une série de lois inventées sur la sécurité, bientôt rejoints par une sous-préfette très droitière et une réalisatrice de documentaire qui se rebelle et fond en larmes. Les agents Menouillard soulignent le rôle des caméras de surveillance, donnent des conseils sur la façon de « ralentir la progression du cambrioleur dans la maison », et concluent par une démonstration de taser qui tourne mal…
Cette fausse conférence sur la sécurité est un canular confondant de réalisme. On est tour à tour angoissé, soulagé, amusé pour finalement réfléchir, comme dans la fable d’Orwell, à l’instrumentalisation du rôle de ceux qui nous protègent.
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