Début 2004, le Mélo d’Amélie présentait En attendant le sous préfet. Dans la même veine de parodie politique, Un conseil très municipal s’y joue depuis quatre ans. On compte, parmi les spectateurs, des élus locaux, ce soir-là ceux du Tarn-et-Garonne venus mettre une ambiance à la bonne franquette, assez rare au théâtre. Mais ici, les cris et interventions de la salle ne posent pas de problème, puisque le public incarne les administrés du conseil municipal réuni sur scène. Tout juste sortis d’un déjeuner arrosé, le maire et son adjoint débarquent à la mairie où les attendent le secrétaire, un petit agité à la voix de crécelle, et la représentante de l’opposition, seule femme de cette assemblée machiste. Haut et fort, ils débattent des projets de toutes sortes – sécurité, pollution, aménagement d’un square, ou la vie des majorettes apparemment plus préoccupante que celle de la cité – qu’ils adoptent à main levée sans grande discussion, sur fond de démagogie, coups bas et jargon politique abscons (PLU, ZIP, ZUP). Mention spéciale à Claude Sesé, absolument génial en maire corrompu, repu et sûr de lui, avec ses mimiques débiles, souriantes ou faussement sereines qu’il a dû emprunter à Chirac. Réaliste, instructif, caricatural sans excès, voici un spectalce bien conçu, qui ne s’appesantit pas sur ses calembours et passe vite d’un sujet à l’autre, avec une interactivité qui ne met jamais les spectateurs en danger. Bref, le café-théâtre dans ce qu’il a de meilleur !