Avec cette pièce de Sacha Guitry, Jean-Laurent Cochet est comme chez lui. Le maître qui a formé Depardieu, Luchini et Isabelle Hupert retrouve sur scène l’un de ses anciens élèves, Jean-Pierre Castaldi. Cochet roucoule presque, donnant une idée des exercices de diction qu’il professe lors de son cours – « réaccentuation, préfinale, inflexion, respiration », lit-on sur son site internet.
Un baron richissime rencontre un clochard qui lui a sauvé la vie, et son existence s’en trouve chamboulée durant une journée où il accueille son sauveur et tombe amoureux de son infirmière à domicile, une comtesse également nantie. Jean-Laurent Cochet donne à la Pépinière une véritable leçon de théâtre, il articule, s’agite, s’interrompt et reprend, envoyant comme des flèches ces piques chères à Guitry. Face à lui, Jean-Pierre Castaldi, auquel on accole souvent une image d’acteur de boulevard, incarne le clochard mystérieux tout en nuances. Les autres comédiens – tous d’anciens élèves ou partenaires de Cochet – accompagnent parfaitement ce ballet aérien et vif, comme l’esprit de Guitry.
Il y a quinze ans, Jean-Laurent Cochet avait déjà monté cette pièce. Mais c’est aujourd’hui qu’il faut la voir, puisque l’auteur et metteur en scène a l’âge de Guitry au moment où celui-ci la composa, avant de l’adapter à l’écran avec Fernandel… Guitry et Fernandel remplacés par Cochet et Castaldi : on ne perd pas forcément au change et l’heure et demie passe en un clin d’œil.