Thomas VDB est un grand gamin hirsute passé par le théâtre de rue (Freddy Coudboul), et la critique musicale quand il était rédac’chef de Rock Sound. Aujourd’hui chroniqueur sur France Inter et bateleur tout terrain, il présente au Sentier des halles son 4e one-man-show, dans cette même cave où il avait joué son premier spectacle il y a dix ans. Toujours tranquille, sapé comme un sac et semblant indifférent au regard des gens, il livre des bribes de sa vie teintées de son regard amusé ou méchant, quand il évoque cette tendance à mettre des DJ’s partout, en particulier à l’Epicerie musicale, un spot boboïsé post-conceptuel comme il en fleurit chaque semaine sur les rives du Canal Sait-Martin
Bon chienchien est un spectacle un peu moins absurde que son affiche, que son titre. Le bon chienchien c’est lui et ce sont ces humains qui demandent à chaque canidé croisé « Mais qui c’est le pépère ? » Est-ce une référence involontaire au « devenir animal » conceptualisé par Gilles Deleuze – ce penseur si actuel, dont Ben reprend aussi la réflexion sur l’avant-dernier verre de l’alcoolique ? Ce titre renvoie surtout aux vidéos d’animaux qui fourmillent sur le net, comme un fil rouge au spectacle. Rien de tel qu’un extrait de caniche larmoyant ou d’épagneul acrobate pour distraire VDB, ce qui le dispense de lire des livres. Ou comment internet nous détourne de l’essentiel… Mais le comédien a beau se prétendre analphabète, il s’exprime dans un français presque soutenu qui passe inaperçu, vu la nonchalance dont il ne se départit jamais.
Et sinon ? Rien de neuf, si ce n’est sa paternité à 40 ans : il passe ses mardis après-midi à fumer du shit sur le canapé, ou à tenter de prendre à leur propre jeu les arnaqueurs du web. Bon, le comédien parle toujours de musique, des fans de rock gueulards ou de sa collection de CD’s acquise pendant l’adolescence et patiemment numérisée pour rien. Et quand il aborde la musique classique c’est, comme jadis le jazz, l’air goguenard, en désignant les morceaux par les marques des pubs qui les exploitent !
Pas de danger de plagiat, Thomas VDB est unique, même si Kader Aoun a dû l’aider à travailler le rythme, les silences ou la voix, pour mieux capter l’auditoire. Certes, le comédien a 40 piges mais il est resté le même qu’à 10 ans, et cette part d’innocence conservée plaît au public. Celle-là même qui l’autorise à s’identifier à un animal de compagnie pour en faire un spectacle, sans qu’on s’en étonne.
Un extrait de l’épisode de mon podcast Flow sur majelan avec Thomas VDB :