Rue Bichat, à côté du Petit Cambodge toujours fermé depuis les attentats du 13 novembre et en face du Carillon rouvert, se tient un minuscule théâtre à la programmation inégale. On vient y voir un pot pourri de pièces de Molière interprété par quatre comédiens qui incarnent sa troupe historique. A l’ouverture du rideau, Jean-Baptiste Poquelin écrit une lettre au Roi pour lui demander de renoncer au privilège accordé à Lully de jouer des pièces en musique. La troupe s’apprête à entamer la dernière représentation du Malade imaginaire, qui verra Molière mourir sur scène.
Voici un projet didactique, sympathique, qui respire la bonne humeur pour le plaisir du public. Parmi des comédiens au jeu parfois approximatif, le plus convaincant est peut-être Grégoire Biessy, en jeune premier alerte. La jolie Mélissa Gobin-Gallon incarne Armande Béjard avec un enthousiasme qui s’exprime par des rires un brin automatiques. Christelle Furet la complète bien, en rivale plus âgée, malgré quelques hésitations. Xavier Devichi enfin, qui signe cette adaptation réussie, est plutôt convaincant en Molière, malgré une diction parfois hésitante.
L’adaptation montre le quotidien de la troupe, le contexte de création des pièces, les représentations aux quatre coins de la France, les réactions du public, réussites et échecs, tout en évoquant les rapports de Molière avec le roi ou sa rivalité avec Corneille… Le texte est plutôt bien écrit malgré quelques anachronismes à l’image de l’adjectif « conséquent » pour décrire une somme importante.
En 1h25, voici donc une bonne introduction à l’univers de Molière, qui permet de revoir et réentendre des extraits de pièces plus ou moins connues, comme Le Médecin Malgré lui, le Bourgeois gentilhomme, l’École des femmes, l’Avare, le Dépit amoureux ou Georges Dandin.