Tano au théâtre de Dix heures

Tano entre en scène tranquillement, sur un extrait rageur de Rage against the machine qui contraste avec son calme apparent. Loin du folklore sudiste, voilà un gars comme on les aime, avec de l’autodérision, un point de vue et un style bien à lui. Né à Marseille d’un père italo-niçois et d’une mère corse, il aurait dû être gangster ou voleur, mais il est devenu intermittent… ce qui revient au même.

Partant du « pantacourt » en vogue chez les kékés marseillais, il invente de nouveaux mots-valises (contraction de deux mots en un seul) comme « scootard » qui allie scooter et connard, un archétype courant les grandes villes ! Il parle lentement, distinctement, pose une question à la salle avant de l’empêcher de répondre – pas d’interaction avec le public, précise-t-il.

Tano s’intéresse à la folie des gens et il en rend compte avec une minutie et une ampleur assez rare dans le one-man-show. Il incarne son oncle corse homophobe, misogyne et raciste, plein d’interjections et d’éructation mélodiques, qu’on retrouve ensuite à moitié cagoulé lors d’une conférence du FLNC, où lit avec ses associés une lettre de revendications délirantes à Nicolas Sarkozy. Il joue aussi un alcoolique avec une voix à la Francis Blanche, qui explique au tribunal comment il a découpé sa femme au harpon pour lui greffer des seins siliconés, puis une esthéticienne en visite chez le psychiatre, spécialiste de l’épilation des testicules à la cuiller, qui voit dans chaque objet un exemple de manufacture typiquement provençale – car elle est titulaire d’un DEUG de provençal ! Enfin, il représente son oncle en pute marseillaise, dans un mélange détonnant et inattendu qui signe l’originalité de ce comédien influencé aussi bien par les Monty Pythons et que par le grand cinéma italien.

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