Tabarnak… Le titre est vendeur, puisque c’est le mot le plus connu pour identifier le Québec et qu’il renvoie à ce meuble abritant le ciboire et les hosties consacrées au cours de la messe. Tabarnak revendique un folklore québécois pour jouer sur les clichés et la religion. Le show se présente comme une grande messe chrétienne et il est assuré par le Cirque Alfonse, un collectif constitué autour d’une famille agrégeant les parents, les amis… On reconnaît facilement ces gars à leur joie de porter des slips et des grosses barbes. Pas vraiment des hipsters, donc, mais plutôt des bûcherons au sourire et à l’énergie brute, comme en témoigne leur précédents spectacles Timber et Barbu.
Alors ? Avec une recette simple et ultra efficace, le cirque Alfonse fait littéralement trembler les murs de Bobino. Leur secret ? Une énorme énergie, un folklore country blues et beaucoup d’humour. Cinq ou six athlètes se jettent en l’air, tapent des mains et claquent des pieds, supportés par trois musiciens dont un dit la messe. Le décor est très bien trouvé, un vitrail qui sert de support de saut. On retrouve tous les classiques du cirque : portés en banquine, bascule, mât chinois, rubans. Une puissance impressionnante émane de ces acteurs trapus, un peu bourrins, d’une physionomie distincte de ceux qu’on trouve en France – ou de leur collègues citadins de 7 Doigts de la main qui se produisent en juin à la Scène musicale.
Par rapport au cirque de rue à la française tel que nous le proposent les promotions successives du CNAC, voici un show à la fois plus fort et plus basique, sans prétention intellectuelle ni désir de raconter une histoire (ce qui est parfois hors de propos au cirque). Un festival de prouesses à la bonne franquette, qui prend aux tripes et fait taper du pied le public qui salue à la fin par une standing ovation. Bref, on se divertit purement et simplement.