Soraya Garï – 100% Tata Khadija

Au départ, Tata Khajida fait penser à la madame Sarfati d’Elie Kakou. On la remarque autant par son physique, visage barré d’un mono-sourcil façon Emmanuel Chain et bonne couche de graisse sous sa robe de velours brodé, que par son esprit et sa langue bien pendue… Après une session de danse orientale menée par une brochette de voluptueuses créatures, Tata Khajida fait son apparition sur scène et invective son public, notamment les retardataires, avec des vannes à la fois directes et bienveillantes.

La comédienne campe son personnage avec une maîtrise remarquable, passant d’un thème à l’autre sans cesser de jouer avec le public. Tata Khajida évoque la hantise des filles maghrébines pour la pluie qui frise leurs cheveux et anéantit leur brushings, ou les « moustiques », ces lascars tout fins qui sifflent les passantes : « 60% de Ouech ouech, 40% de Psartek », rien à voir avec les jeunes hommes du bled. Au passage, tata donne le conseil fondamental à sa fille qu’elle veut marier avec un homme comme il faut, de préférence musulman, plutôt arabe que noir : « il faut qu’il ait la maison, la voiture, le travail ».

Si certains passages sont en arabe, comme cette comparaison très parlante entre les accents marocain, tunisien et algérien, Soraya Garï s’efforce de les traduire au public francophone qui n’en rate pas une goutte ! Dans cette performance scénique, la comédienne évoque les différences culturelles d’un regard malin et tendre, avec justesse et sans idéalisme, en brossant des caricatures qui vont au-delà des clichés.

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