Chroniqueuse sur France Inter, idole des profs dont elle décrit le dur labeur dans son premier spectacle, icône de la laïcité et de l’intégration à la française, Sophia Aram s’attaque, dans ce deuxième one-woman-show, aux religions. Une évocation des trois monothéismes qui n’est pas ultra drôle, mais bien écrite, bien jouée et vraiment instructive. Au début, elle défile voilée de haut en bas comme Rachida Khalil dans son premier spectacle. La comédienne analyse la Bible à la suite de Jérémy Ferrari, cite l’Ancien et le Nouveau Testament, les versets du Coran, raconte les lubies chrétiennes de son amie Sandrine, les excès de la mère de son copain David et dénonce les 42% de créationnistes américains comme les check-points organisés par de vicieux shebabs somaliens pour interdire aux femmes le port du soutien-gorge. L’enthousiasme, les qualités scéniques et la proximité avec le public de Sophia Aram sont toujours servis par cette voix de petite fille qui amuse ou agace.
Sophia (sagesse en grec) n’est pas une ayatollah laïcarde. C’est convaincue mais sans haine qu’elle met en questions le principe religieux, en défendant son mariage avec un homme blanc protestant et non circoncis (qui a co-écrit le spectacle), avant de s’enflammer dans une ode au clitoris. Aux rites, contraintes et régimes d’abstinence de la religion, la comédienne oppose la liberté offerte par la laïcité. Et lorsqu’elle imagine le jeûne cumulé observé par sa tante Fatiha, qui respecte les obligations musulmanes, chrétiennes et juives, on pense à une vanne de Tomer Sisley. Quand elle se lance dans l’interprétation de personnages, comme cet ange à la gouaille titi, la comédienne loupe peut-être sa cible, mais le reste est rythmé, sans fioritures ni longueurs. Un spectacle didactique, à mi-chemin entre Courrier International et La Bible pour les Nuls…
NB : Récemment, Sophia Aram s’est illustrée dans une querelle médiatique avec Guy Carlier. Lui, le chroniqueur en scène, elle, la comédienne chroniqueuse. Sur France Inter, elle a dit : « Entre quelqu’un qui penserait que tous ses malheurs sont dus à la présence d’étrangers en France et un gros con, j’ai du mal à faire la différence ». Réaction de Guy Carlier sur Europe 1 : « Ces gens là ne sont pas des gros cons, contrairement à ce qu’une petite conne affirmait il y a quelques jours sur une autre radio pour faire le buzz et remplir ses salles de spectacle ». Réponse de Sophia Aram : « Grâce à lui, j’ai appris qu’il ne faut jamais croiser la route de ses idoles de jeunesse, parce qu’elles ont tendance à se ramollir et finissent toujours par perdre l’éclat qu’elle avaient dans nos yeux », ce que suggère effectivement Guy Carlier dans son stand-up… Il s’est excusé.
Quelques punchlines :
« Je suis à l’islam ce que Ferrero Rocher est à la diplomatie ».
« Dans la religion, Dieu est le chef de l’homme et l’homme est le chef de la femme ».
« Peut-on rire avec Dieu ? Oui, s’il trouve ça drôle ».