Ce n’est pas de slogans politiques qu’il est question ici, bien que le contexte temporel nous ramène à la fin de l’URSS, mais d’un cri poétique déchirant, celui de prostituées russes exploitées et torturées par des mafieux. Cloîtrées dans un cargo abandonné, elles attendent la mort en chuchotant, scandant, hurlant des « slogans » pour tromper leur souffrance, apaiser leur terreur et sortir de cette prison psychique qui les aliène. L’écrivain Antoine Volodine a adapté les poèmes incandescents de Maria Soudaïeva qu’il a rencontrée avant qu’elle ne se suicide. La mise en scène de Charles Tordjman nous présente, dans une scénographie de navire éventré, quatre comédiennes aux voix déchirées. Un réel insoutenable qu’il nous faut cependant regarder et entendre.