Slava’s snow show n’est pas seulement un spectacle, c’est une expérience ! Générosité et joie de vivre intenses, exigence scénique et rigueur sans égales, comme seul sait les transmettre le cirque populaire à la russe. Depuis qu’à onze ans il a découvert Charlie Chaplin dans Le Kid, Slava Polounine a poursuivi un rêve mené à la perfection dans ce show à l’affiche depuis 18 ans, le record mondial de tournée dans l’histoire du clown !
Dès le début éclate une atmosphère onirique singulière, annonçant une suite de tableaux sans mièvrerie qui fascinent adultes et enfants. Slava, grenouillère jaune et cheveu ébouriffé, tient une corde pour se pendre. A ses côtés, un personnage vert, grands pieds chaplinesques et oreilles de cocker, se démultiplie en des clones entamant un ballet aux trajectoires sinueuses. Les lumières enchantent l’œil des spectateurs, enveloppées d’un son vrombissant, électronique ou classique, comme le récurrent « Edges of Illusion » de John Surman. Quand la tension monte, la samba vire à la batucada.
Les maquillages et costumes sont merveilleux, les artistes déploient aussi bien des qualités d’athlètes, de danseurs ou de comédiens. Chaque scène est tendue par une rigueur et une esthétique aériennes, comme ces flexions de jambes spectaculaires qui donnent un sentiment de lévitation. On passe du drame à la comédie, on rit de la cruauté, quand un archet meurtrier se fait complaisamment applaudir. Lors d’un tableau de voile marine évoquant la dernière création de James Thierrée, Slava enfile au sens propre son manteau de vent.
Des bulles de toutes les tailles sont crachées de la scène, créant des grappes de fruits multicolores.
L’entracte est une fête : une toile d’araignée neigeuse se répand dans la salle, enveloppant progressivement les spectateurs emmêlés. Ce tissu soyeux accroche des lunettes d’adultes, les enfants exultent. Après une première partie muette, Slava émet quelques onomatopées en mimant un garçon et une fille au téléphone, inventant une langue de séduction universelle. Ça parle à tout le monde. Chacun explose de rire. Lorsqu’à la fin des ballons sont projetés vers la salle, petit à petit les mains se lèvent pour les toucher, métaphore de cette participation spontanée du public au spectacle. Les ballons volent, rebondissent sur les crêtes, les chignons. Et chacun participe au rêve, toute limite effacée entre spectateurs et artistes présents dans la salle bien après la fin du show.