Chez certains amateurs, l’acronyme Milf (« Mother I’d like to fuck ») désigne les mères de famille accortes aux mœurs légères. C’est cette image provocante que convoque Séverine Adolphe, découverte dans une séance de catch d’impro, tout en remotivant le sens de ces quatre lettres : « Mère Impossible à Lover car Fils »… Dans un clip visible sur le web (voir la vidéo) qui donne envie de la voir sur scène, la comédienne joue à la super woman.
Mais au Guichet, on est un peu déçu par sa prestation qui frôle le syndrome de la show-woman de 40 ans : une femme seule en scène confie à la salle sa déprime et son désarroi. A 33 ans, un fils de trois ans à charge, Sève fait état de sa solitude et de la peur qu’elle inspire aux mecs. Mais cette lamentation contamine le ton du spectacle, comme elle en prend conscience en critiquant les père célibataires geignards de trente ans qui sont en fait ses doubles masculins. Dans une scène malheureuse, dépitée devant la glace, Sève répète comme un mantra « je suis dépri-laide », « je suis déprilaide », etc… Elle n’assume pas cette maternité qui a tué en elle la séductrice : finie la « trentenaire pétillante, belle, rigolote et sympa », sa mère lui fait comprendre qu’elle est désormais « maman ». Alors elle déprime avec un pot de Nutella devant la télé.
Heureusement, la garde alternée lui donne une vie de superwoman : selon que son fils est chez elle ou non, c’est Dr Jekyll ou Miss Hyde. Une semaine sur deux, la mère de famille parfaite devient la « Tata Kronembourg » de Florence Foresti et rentre de soirée défoncée dans son appart’ bordelique.
Il y a de l’originalité dans la démarche de la comédienne, mais aussi des clichés stand-up, comme ce côté « vous les mecs, nous les filles », ou sa caricature de gardienne à l’accent du midi qu’elle fait passer pour une enquêtrice de la gestapo. Peut-être le show manque-t-il de situations vécues avec son fils… Ou bien de cette vie de super Milf, que promettent le clip et l’affiche.