13.
Le pollen embrume les carreaux
La lumière traverse encore
Et le fil oblique
De la toile d’araignée
14.
Jour de grand vent
J’ai attaché mes cheveux
La bonne vieille maison respire
Prête à s’envoler
15.
Grand ménage de printemps
Courant d’air par les fenêtres
Une brume de pollen arrive du dehors
Fécondation
16.
Courte promenade
Le regard des gens m’évite
La flèche des oiseaux
Sur le bleu du ciel
17.
Le temps a changé
Nous restons à l’intérieur
Le feu brûle encore
Des nouvelles arrivent
18.
Une angoisse diffuse
La tempête fait chanter les vitres des fenêtres
Je me fais couler un bain
Ravintsara et laurier noble
19.
Agitation médiatique
Je fais quelques pas sur le carrelage froid
Un bourdon se cogne
Contre la fenêtre
20.
Noces nocturnes et réveil embrumé
Nos voix se parlent à travers la cloison
Je te raconte mes rêves
Oubliés
21.
Légère dégradation du moral – dos bloqué
Deux mésanges jouent
Sur le tas de bois
Sec
22.
Le concert des oiseaux
Feuillages et branchages à l’encre de Chine
Un chat pénètre
Dans le domaine
23.
L’ombre du matin
Souvenirs d’un sommeil troublé
Je dessine mon corps
Sur le mur blanc
24.
Le vide dans les rues
Deux promeneurs s’évanouissent au loin
Immobilité
Et rêve de tempête
25.
Premier jour de pluie
L’odeur de la terre par ma fenêtre
Le cri de la mouette
Dans le ciel gris
26.
Je ramasse des pommes de pin
Tout est à brûler
Les mémoires familiales s’envolent
Dans les volutes de fumée
27.
Grande flambée dans le jardin
Métaphore de la vie
Au petit matin
Un tas de cendres
28.
Tout est immobile
À l’exception de ce qui se passe en moi
Sur le tas de cendres
Un mandala de fleurs
* * *
Ce texte fait partie des 37 poèmes reçus mercredi 15 avril 2020, lors de la deuxième scène confinée du Chat Noir. Retrouvez les autres dans ce compte-rendu. Il fait suite aux 12 premières haïkus constituant la contribution de la poétesse à la scène précédente.