Pour sa quatrième édition, le festival Hautes Tensions qui fondait son identité hybride sur la rencontre entre cirque et arts de la rue, devant la difficulté à faire exister pleinement ces deux domaines, se recentre sur le nouveau cirque. De son côté, depuis l’année dernière, le hip-hop a son Villette Street Festival… Quatre ans après l’édition 2011 notamment marquée par Mister Monster, Super Sunday est l’un des shows emblématiques de cette année.
Race Horse, du nom d’une compagnie finlandaise, incarne ce que le cirque contemporain a de mieux à proposer. En termes de style et d’esthétique, c’est léché, électro, pêchu, drôle et décalé. Six athlètes jumpers débarquent au ralenti sur des chevaux en peluche, dont un mouton. C’est très lent, mais aussitôt un rythme est créé par l’enchaînement sur un beat techno vif tandis que les artistes s’accrochent aux chevaux d’un manège tournant. Puis retour aux basiques, acrobaties au sol en manière de breakdance, avant de jongler avec des maillets.
C’est ludique, bordelique, aérien… Tout est bon pour sauter et rebondir : la planche à bascule, deux trampolines juxtaposés, un ourson est projeté en l’air par une catapulte inventée par le seul français de la troupe, Odilon Pindat. Il y a aussi de gros ballons où ils font des pirouettes et une roue de la mort qu’on avait vue plus impressionnante maniée par les Radoi au Cabaret électrique.
La bande son électro varie et colle à chaque passage, tout s’enchaîne de manière disparate comme souvent dans le nouveau cirque, et peu à peu se crée un style, une marque, une empreinte folle et débridée lorsque surgit cet athlète androgyne, au corps sec dont chaque muscle est dessiné, que met en valeur une tenue de danseuse drag queen du plus bel effet. Ce n’est plus un propulseur mais une sorte de voiture rose à bascule qui projette le drag queen au ciel de la grande halle coupée en deux pour l’occasion. Au terme d’une boucle aérienne, il atterrit sur un grand drap ou s’accroche aux filets tendus au plafond.
Bref, Super Sunday est un spectacle joyeux et fou, basé sur la prise de risques, comme souvent le nouveau cirque (à l’image de la compagnie Galapiat, également présente au festival). Un parc d’attraction pour grands gamins qui font partager leur enthousiasme dans la fureur de l’instant.