A l’origine, Plouf est un succès de la littérature jeunesse, écrit et dessiné par Philippe Corentin. Un loup tombe au fond d’un puits, attiré par le reflet de la lune qu’il a pris pour un fromage – on pense à la Fable d’Ésope reprise par la Fontaine, le corbeau et le renard. Comme un cochon passe par là, il l’appelle et l’invite à monter sur la poulie qui lui permettra de remonter, en lui promettant un fromage… Ainsi, à tour de rôle, le loup-scie, le cochon-électrique, le lapin-pince tombent dans le puits. Mais point de fromage, car « au fond d’un puits il y a de l’eau et de la nuit pour tourner en rond ». Tel est le ton poétique de l’adaptation de Cyrille Louge.
Pour l’illustrer, Ghislaine Laglantine a constitué des marionnettes-objets avec un vrai sens du détournement artistique : outre le loup-scie et le lapin-pince, le mètre sert à faire l’escargot, une boite de Quality Streets un cochon aux narines figurées par une prise électrique, une brosse incarne un hérisson, et l’araignée est conçue avec une éponge et du fil de fer… En eux-mêmes, les objets sont des éléments dramatiques et comiques. Il ne reste à la marionnettiste, plus visible que dans Histoires de Chaperons où elle portait des gants noirs et les cheveux attachés, à les manipuler en les prêtant sa voix pour déchaîner le jeune public durant plus d’une demi-heure.
Si ces enfants entre 2 et 6 ans exultent, leurs parents aussi se plaisent au jeu, loin des spectacles cucul-la-praline et infantilisants… Les musiques sont, comme le texte, poétiques et suggestives, Charles Mingus, Nino Rota ou Pascal Comelade. Entre le théâtre d’objet et la marionnette, une création très originale.