Si Patrick Timsit est une des grandes figures du one-man-show en France, c’est d’abord qu’il a commencé il y a presque 40 ans, par un seul-en-scène un peu raté, Les femmes et les enfants à mort, mais aussi parce qu’il a été l’un des premiers humoristes à faire appel à un metteur en scène, Étienne de Balasy, pour son One-man stand-up show (2008). Il prenait alors la vague stand-up amenée en France par le futur Jamel Comedy Club, en intégrant les codes de cette mode US qui réactualisait le cabaret français de la fin du 19e siècle.
C’est à l’ancienne que travaille le duo, avec un texte au cordeau récité à la lettre. Dans ce spectacle, Timsit fait le top 10 des raisons qu’il aurait de quitter la scène, au fil d’une énumération où il déploie ses thèmes fétiches, portés par une provocation maîtrisée, à la fois humaniste et cruelle. « Je suis gentil, c’est mon humour qui est méchant », précise l’humoriste qui aime choquer son public au sujet de Shoah, des poubelles jaunes, ou du bilan carbone des fours crématoires. Avec lui, pas de risque de plagiat, celui qui pomperait son « matériel », comme on dit en anglais, injecterait un virus dans son propre spectacle. Côté name-dropping, il enchaine les piques à Gad Elmaleh, Anne Roumanoff ou Cyril Hanouna, les références à Blanche Gardin, sans oublier un spot vidéo où Alain Chabat, Jamel et Jérôme Commandeur saluent la retraite du showman.
Au fond, on pourrait voir ce show comme un cours d’art oratoire. Timsit parvient à capter l’attention d’une gestuelle précise et d’une voix posée, qui s’éraille à mesure qu’il se lâche. Le rythme, lui, est plutôt pépère. L’écriture, soignée, développe le contexte de chaque blague, ces « prémisses » préparant les « punchlines ». Quelque soit le sujet, Timsit l’exploite à fond, trouvant toujours un point de vue original pour l’éclairer d’un jour nouveau – à l’image de la géopolitique internationale, vue à travers le regard d’un Dolald Trump. Ainsi nous tient-il en haleine d’un bout à l’autre de ce spectacle assez complet – même s’il pourrait développer davantage son jeu d’acteur, qui brille lorsqu’il interprète quelques rares personnages, dont un serial killer aux mimiques utra réalistes.