Patrick Adler réserve aux spectateurs un accueil chaleureux, apostrophe les retardataires qu’il met au premier rang, analyse leur style vestimentaire ou les journaux qu’ils lisent : Le Parisien ici, Valeurs Actuelles là, Télérama derrière. Après « Adler brise la glace », l’imitateur aux 60 voix et, comme Anne Roumanoff, aux 20 ans de carrière, se lance dans le stand-up. Avec l’aisance d’un orateur aguerri, il part en incises virtuoses, improvise et retombe toujours sur ses pattes. Le show, bien sûr, s’articule autour des voix : celle de Poolevoorde d’abord, qu’il a presque naturellement, celle de Palmade aussi, reproduite avec un accent du sud trop appuyé. Il incarne Dominique Besnéard, Susan Boyle ou Bigard (très approximativement), groupant parfois les personnages par séquences, comme les chanteurs murmurants ou les femmes couillues. Davantage que la performance technique, on apprécie Adler pour ses trouvailles, Domenech lisant une lettre à Guy Moquet, ou son regard : sa facile propension à montrer des vieux qui crachent, éructent, se débattent avec leur dentier (l’Abbé Pierre, Jeanne Moreau).
Au fond, plusieurs styles coexistent dans ce spectacle : l’orateur digressant à l’infini, avec cette qualité d’ancien prof qui baisse la voix pour mieux faire sursauter l’auditoire, le meneur de revue du Carrousel du Louvre et le chansonnier imitateur. Mais dans ce dernier registre, alternance sans surprise de voix contrefaites, le mécanisme finit par lasser. Adler perd la spontanéité du début dans ces moments un peu figés, qu’il tente de contrebalancer par quelques calembours et des allusions répétées à DSK.