On a volé le bras de Costentenus, par Hey ! La Cie

Au commencement, Hey était une revue d’art avant-gardiste, bordelique et hardcore. Depuis quatre ans c’est une exposition d’œuvres à la Halle Saint Pierre, le musée d’art brut de Paris. Et maintenant, en plus d’être du papier et des œuvres exposées, c’est aussi une revue de cabaret qu’accueille le chapiteau du cirque électrique. Sur fond d’histoire du tatouage, à travers une relique sacrée de bras encré, c’est une suite de numéros dans un format assez voisin du cabaret électrique – dont on retrouve la belle Lalla Morte, qui marche toujours sur du verre pilé et s’enveloppe de plumes géantes… Le même genre de cabaret, oui, l’univers de Hey en plus.

Un bateleur entouré de créatures interlopes, d’un ton égal et lancinant, raconte l’histoire vraie de Costentenus, bête de foire tatouée de la tête aux pieds qui vivait au 19e siècle et prétendait avoir été kidnappé par les Tartares de Chine et tatoué contre sa volonté. C’est merveilleusement illustré par les gramophones, les orgues de barbarie, les ombres chinoises, les images filmées en direct et projetées sur la toile et les corps. Dans ce tatoo hall où l’on honore « la mémoire du saint patron des hommes illustrés », se mêlent récits réels et imaginaires, dans une mise en scène baignée de mystère et d’ornements.

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Ça commence par une performance visuelle et bruitiste d’avant-garde : une femme monstrueuse s’agrippe au mât chinois, moulée dans un collant sombre, une grosse touffe de poils masquant son visage, tandis que se révèrbèrent une série de sons distordus articulés par un homme tatoué, tout aussi étrange, qu’on reverra plus tard se contorsionnant sur une musique tribale avec un triple masque inquiétant.

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Anne et Julien ont conçu ce spectacle comme leurs expos, leur revue. Le bras de Costentenus, d’ailleurs montré à la Halle Saint-Pierre en plusieurs versions, est un objet de culte et de narrations obscures. Avec des procédés anciens et des références historiques, les artistes de Hey fabriquent un art moderne, fait de créatures hybrides, humaines et bestiales, de performances corporelles, incarnées. Un spectacle qui aurait plu à André Breton, lequel prédisait dans l’Amour fou : « La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas ».

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