Pour inaugurer son Festival Sans élastique, le Rond-Point accueillait Norman, figure de proue des Youtubers, ces humoristes qui ont émergé sur le net ces dernières années. Norman, c’est plus de 7 millions d’abonnés à sa chaîne Youtube et aussi, plus récemment, une tournée des Zéniths qui a rassemblé 300 000 millions de spectateurs, après un entraînement quotidien pendant un an sur la petite scène du Paname. Contraste frappant : malgré cette immense popularité, voilà un garçon timide, modeste et gentil, comme perdu sous une grosse touffe de cheveux.
Certes, il débarque guitare électrique en bandoulière sur le rythme d’un batteur, mais c’est d’une voix douce, comme chuchotée, qu’il berce écoliers et ados fanatiques. Dès le début, il admet avoir un public de CM2 – la grande salle du Rond-Point est en effet peuplée pour une bonne part d’enfants ou de pré-ados. Pas évident pour Norman, 28 ans, qui pense décrire son quotidien à l’attention des gens de son âge. Pragmatique, il propose une « foire au questions » à l’issue du show, 25 minutes d’interventions plus ou moins attendues et répétitives (« C’est qui ton coiffeur ? » « T’as une copine ? » « Tu peux faire la chanson de Templiers ? », etc.), avant une séance de dédicaces sur un stand aménagé dans le hall du théâtre.
Et le show dans tout ça ? Du pur stand-up, léger, rythmé. Norman parle vite, mange certains mots tout en se faisant comprendre, avec ce style en retenue, un peu hésitant, qui fait sa marque de fabrique sur le web. Du stand-up classique donc, mais sans lourdeur, traitant les sujets du genre : sa vie, sa célébrité, les questions qu’on lui pose, sa ville de Montreuil où cohabitent bobos sans gluten et bledards halal, son père, un ringard de 55 ans, peigne dans la poche façon Fonzy dans Happy Days, et le Nord d’où il est issu.
Autres sujets plus ou moins obligés : Tinder, les enfants de ses potes qui font caca à table, internet et ses haters, dont certains ridicules (comment être crédible avec une photo de profil prise sur un poney ?), sans oublier son pote Cyprien avec qui il projette une websérie. Avant d’en arriver là, Norman a testé pas mal de « métiers reulou », comme Mac Do ou Decathlon où il était un stagiaire victimisé et non rémunéré. A ce propos, l’humoriste joue avec autodérision de son statut de « babtou fragile » au corps sec, incapable de se battre sauf avec des ennemis imaginaires qui avanceraient au ralenti.
Conclusion : au-delà du phénomène internet, Norman est un vrai stand-upeur, au sens le plus classique qui soit… Bref, il assure sans innover !
En première partie, on retrouve avec plaisir Fary, toujours plus distingué et à l’aise dans son identité de « reunoi stylé ». Après avoir décrit les hipsters, des blancs à barbes, tatouages et boucles d’oreille, il nous ressert son morceau de bravoure : l’anecdote de Moussa qui démolit la prof d’espagnol au collège.
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