Naho est une comédienne à l’élocution véloce et précise, à l’énergie intense, à l’aise dans ce spectacle qu’elle maîtrise sur le bout des doigts – vu qu’elle le joue depuis 2004, malgré un changement d’affiche et de titre. Entre ses portraits brossés de femmes folles, elle se met en scène dans ses rondeurs, tape des danses frénétiques ou des regards langoureux aux spectateurs mâles, et prend parfois en otage le public en le contraignant à pousser des cris pour mieux le traiter de vicieux. Après avoir décrit sans méchanceté une concierge qui crache dans le dos de ses locataires, interprétation tout en suggestion d’une femme populaire et raciste, elle incarne une mama africaine à la gouaille enlevée qui va se faire coiffer dans un salon du quartier Château d’eau à Paris, et une femme qui travaille dans le téléphone rose – un sketch un peu moins travaillé que les autres. « Follement folle », Naho l’est complètement lorsqu’elle joue cette femme de 50 ans qui se repasse le film de sa vie depuis l’âge de 6 ans, dans un galimatias incohérent où chaque phrase est zappée au bout d’une seconde. Parfois c’est un peu appuyé ou artificiel, lors d’intermèdes sérieux où Naho évoque le racisme de la société, mais rien de plus spontané que cette fin où elle pleure sur scène, sans pouvoir se contenir.