Elle le dit,
Elle le crie,
Elle le hurle mais rien ne change.
Elle trottine,
Elle marche,
Elle court jusqu’à ne plus sentir ses pieds mais rien ne change.
Elle est prise au piège et ne sait comment s’en défaire.
La vie suit son chemin, elle stagne,
Les cœurs battent en harmonie, elle suffoque.
Elle demande,
Elle implore,
Elle supplie mais rien ne change.
A ses dépens, elle fait face à la cruauté de la vie, seule. Pour survivre, elle se forge à leurs images.
Fourbe, fausse, séductrice, manipulatrice, ses talents sont sans fin. La marquise de Merteuil est un parfait modèle. Elle est dans une parfaite maîtrise de ce que la société appelle “troubles psychologiques”. Son trône est sur un piédestal surélevé. Aujourd’hui elle est l’AS des AS.
C’est irrationnel et incompréhensible les désirs de la race humaine, actuellement, il veut qu’elle oublie. Il lui ordonne d’accorder l’absolution la plus totale et véritable.
Comment pourrait-elle pardonner alors qu’elle a été utilisée, usée, détruite puis subitement expédiée dans ce village endiablé.
Il lui apprend à survivre.
Survivre, toujours regarder par-dessus son épaule,
Survivre, supporter cette violence, cette tension quotidienne,
Survivre, être le mercredi d’une famille hypocrite comme il n’en existe point,
Survivre, chaque jour accueillir un nouveau démon dans son havre de paix,
Survivre, se justifier sans cesse, prouver sa valeur, sa légitimité,
Survivre est son héritage.
Survivre, il n’y a que cela dans ce monde.
Dans ce village, elle voit que l’être humain est une foireuse poupée russe,
il y a ceux qui mentent,
il y a ceux qui trahissent,
il y a ceux qui brisent,
il y a ceux qui détruisent et tuent,
et puis il y a celui qui sauve,
celui qui chérit,
celui qui guérit,
celui qui protège, aime et couve.
Parmi eux, elle croise les pires, les pervers narcissiques ou comme je les nomme, les tout en un. Ils arrivent comme de sublimes ouragans, chamboulent toute sa survie et l’abandonnent anxieuse et dépressive, à l’agonie.
De surcroît, il y a cette voix qui ne la quitte pas. Elle est là, dans sa tête, dans son ventre. Elle l’entend partout, cette voix est comme son ombre. Cette voix lui dit d’en finir car elle n’est rien d’autre qu’un putain de fardeau et une inutile folle. Pour une fois, elle l’écoute, elle tue sa peur ce soir-là.
Il y a comme témoin la magnifique vue d’un immeuble donnant sur la Tour Eiffel, panorama de la ville parisienne.
Miraculeusement, elle voit la lumière scintillante et vive comme pour lui rappeler ses ambitions et son indépendance rêvée.
Ce soir-là, sa survie prend fin.
Livrée à elle-même, elle part sans jamais se retourner. Elle les abandonne à son tour et son départ laisse un vide immense et profond. Elle leur transmet une part de sa richesse, la solitude.
Seule au monde, en colère, enragée et assoiffée. Jamais une femme ne fut si déterminée.
Elle défie un village endiablé,
Elle traverse une ruelle enflammée,
Elle dresse des tigresses en chaleur et dompte des lions affamés.
Qui l’eut crut, elle trouve enfin la sortie de ce labyrinthe passionné.
Il était une fois, toutes les histoires commencent ainsi, dans ce cas précis il s’agit de vérité, de réalité. Il est question de vécu.
Je vous présente officiellement Aminata qui pour certains est Natou et pour d’autres Naash.
Hier, elle était soumise et fragile,
Aujourd’hui, sous ses allures juvéniles, elle a le cœur à l’orage,
Demain, à l’avenir, elle est prête car alambiquée telle une sociopathe son arme est bien calibrée.
Elle le dit,
Elle le crie,
Elle le hurle mais rien ne change.
Finalement, elle le tatoue sur sa peau. Je veux vivre !
* * *
Ce texte fait partie des 29 poèmes reçus mercredi 25 mars 2020, lors de la première scène confinée du Chat Noir. Retrouvez les autres dans le compte-rendu de cette restitution virtuelle.