Quand les bourgeois dorment ronflant
Sous leurs pilous ventripotents,
Que les sans dents cuvent leur fut,
Sur les toits pointus je vais, pattes drues
Je suis le chat noir qui rôde.
Aucune étoile sous la nue
Ne m’a souhaité bienvenue,
Aucun roi mage, pas de cadeaux
Aucune crèche ni flutiaux.
Nom d’un chien le vent gémit
On veut ma peau plus noire que suie. ..
Sous la grand’ lune qui éclaire tout
Morbleu%! J’ fais les quatre cent coups.
Il faut me voir, poil qui rebiffe
Taguer à cent coups de griffes%:
«%Ni Dieu ni maître ni croquette.%»
Quand la faim me poursuit, crac%!
Sur le marché, sans loi, sans trac
Je chaparde, j’escamote,
Et cric et croque et craque
Deux trois sardines dans l’estomac
Un festin de monarque%!
Minuit, sur les toits en zinc,
Une rouquine me fait du gringue
Une féline dont je suis dingue,
Sous les ombres elle, elle me grise,
Ses yeux verts, verts m’hypnotisent…
Moi, le chat noir, Raminagrobis,
Pour l’avoir léchée, une fois rien qu’une,
Tel un damné j’erre sous la lune.
Pour lui plaire, sur les toits en zinc
Je danse la java comme un dingue
Et sur des rythmes fous, allègres
Sur mon poil court le frisson nègre.
* * *
Ce texte fait partie des 29 poèmes reçus mercredi 25 mars 2020, lors de la première scène confinée du Chat Noir. Retrouvez les autres dans le compte-rendu de cette restitution virtuelle.