Les mystères de Paris d’Eugène Sue, mise en scène William Mesguich

  • D'après Eugène Sue. Adaptation Charlotte Escamez. Mise en scène William Mesguich. Avec William Mesguich, Sterenn Guirriec, Zazie Delem, Jacques Courtes, Julie ​Laufenbuchler, Marie Frémont, Romain Francisco.​​​
  • Spectacle vu le 16 mai 2013 à

A un moment où le théâtre propose des dispositifs post-modernes ou conceptuels, les jeunes metteurs en scène semblent vouloir raconter des histoires. Plutôt que d’en inventer de foisonnantes comme Alexis Michalik dans Le porteur d’histoire, le fils de Daniel Mesguich, William s’attaque aux Mystères de Paris, une œuvre phare du roman-feuilleton du 19e siècle. Issu de la grande bourgeoisie, Eugène Sue se découvre une passion pour les bas fonds parisien et décide d’aller incognito dans une auberge. Séduit par cette expérience, il se met à explorer ce milieu interlope pour écrire dix tomes parus en 1842 et 43 dans Le Journal des Débats (1400 pages dans la collection Bouquins).

L’œuvre, comme la pièce, débute par la rencontre nocturne entre Rodolphe, duelliste hors pair, de haute extraction et défendant les pauvres, avec la goualeuse et le chourineur, deux anciens orphelins qui vivent dans cet univers mal famé. S’ensuit une succession de tableaux qui bâtissent une histoire haletante, riche et complexe. William Mesguich joue Rodolphe avec une affectation qui sied au personnage, au milieu de comédien volontaires et habités. Finalement, Rodolphe est peut-être l’ancêtre du premier super héros : Nyctalope, précurseur de The Shadow

De cette œuvre gigantesque, Charlotte Escamez a tiré 2h10 d’une intrigue dense et peut-être trop ramifiée pour la scène. Les dialogues directs, justes, claquent dans un décor changeant, où d’habiles jeux de lumières suggèrent un bouge forain ou une demeure bourgeoise. Fidèle à l’esprit du texte, la pièce révèle un Paris assez proche du nôtre, pittoresque avec ses rues sombres et ses bandits. On passe du mur des Fermiers généraux à l’île des Ravageurs (disparue lors de la construction du futur Pont de Clichy), où vit la famille de Martial, qui tente d’échapper à son destin de brigand en rêvant d’épouser une honnête grisette, ouvrière coquette et galante. Quelques anachronismes pimentent la mise en scène, une télé ou des talkie-walkie… De l’action, du drame, des saynètes marrantes : un feuilleton efficace mais un peu long.

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