Après avoir présenté les solos de Catherine Germain (Arletti) et de Bonaventure Gacon (Par le Boudu), le théâtre de la Cité internationale les réunit avec un troisième larron, Dominique Chevallier (Zig le chien), dans une mise en scène de leur mentor François Cervantes. Les Clowns conte en 1h30 la rencontre de ces trois personnages autour d’un projet commun : tenter de monter Le Roi Lear de Shakespeare… Arletti et Zig se rendent donc dans la grotte de l’ogre Boudu, dans un début de spectacle ébouriffant, où chacun y va de ses facéties, déployant sa personnalité infantile, bourrue ou folle. Ils jouent comme des enfants à s’apprivoiser, se battent armés d’une chaise et d’une pantoufle, se réconcilient autour d’un verre… Arletti minaude, Boudu grogne, Zig jappe comme un le chien apeuré, avant de pleurer en reniflant piteusement. A la fois plus sobre et plus loquace, Dominique Chevallier révèle une facette de clown blanc qui contraste avec la personnalité de ses acolytes.
Après un enchaînement de saynètes dans la grotte de Boudu, une première demi-heure qui nous laisse rêveurs, le spectacle vire de bord pour développer son argument : les clowns entrent dans un théâtre où Arletti trouve le texte du Roi Lear, qu’ils passent l’heure suivante à déchiffrer et à incarner. Aussitôt, les clowns cessent de délirer dans cette parodie de Shakespeare assez convenue, bien moins personnelle que l’Antigone d’Adèll Nodé-Langlois. Arletti mène la troupe, en interprétant elle-même le Roi Lear, Boudu jouant la jeune et fidèle Cordelia, tandis que Zig incarne un mélange des deux filles aînées, infidèles à leur père. Malgré cette bonne idée de distribution, les clowns ne semblent pas s’approprier la pièce.
Les changements de décor sont très longs entre chaque tableau, lenteur des techniciens ou choix de mise en scène, et ça casse le rythme… Pourtant, ces clowns vont droit à l’essentiel, déployant un jeu d’une justesse et d’une vivacité rares. Finalement, on est un peu déçu par la performance collective de ces artistes dont la rencontre autour de Shakespeare ne crée pas l’étincelle de chaque solo.
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