Après la taverne Muchausen et avant Super Münchausen, voici le Saloon éponyme, soit les mêmes comédiens cette fois placés dans l’Amérique de la guerre de Sécession : le shérif incarné par Gwen Aduh présente au public quatre jouteurs qu’il vient de faire prisonniers. A l’issue de la soirée, le conteur plus inventif sera libéré et le moins brillant lynché avec du goudron et des plumes, façon Lucky Luke. Le registre courtisan a été remplacé par une faconde cow-boy ou puritaine, selon qu’il s’agit du jeune scatophile Cookie O’ Blader (Yann de Monterno, au style d’enfant gouailleur sorti d’un western), du coriace Wallace Mac Manigan (Stanislas Hilairet, verbe haut et mot choisi, qui capte l’attention des auditeurs de sa voix tremblante, même lorsqu’il n’a rien à dire), de la fille de pasteur Molly Montana (Miren Pradier à l’aise en sainte nitouche), ou de la mexicaine Margarina Suarès (alias Maria Dolorès qui excelle toujours dans son registre de diva burlesque). Au fil de la soirée, Fendy, la serveuse du saloon (Aurélie de Cazanove), veille à étancher leur soif.
Avant de passer aux sujets du public, les improvisateurs s’écharpent sur ceux écrits par le maître du jeu, ce soir là : « pourquoi voit-on votre nom inscrit à l’entrée de la mine de Clutch City ? », « expliquez le succès des bandits manchots à Las Vegas », « pourquoi vous appelle-t-on aigle malin à Seattle et castor velu à Washington ? ». L’histoire se réécrit dans ces récits fantasques, « locomotive jacking », grenouilles en route pour une usine d’or, manchots empalés en Alaska, ou trafic de bourriches d’huîtres entre l’est et l’ouest…
Comme toujours circulent des pièces d’or entre les jouteurs, qui récompensent les histoires les plus inventives, et les querelles se règlent sur scène en deux minutes, par des duels de bouts rimés où l’improvisation des comédiens n’égale pas celle de freestylers rompus aux open mike. Mais c’est une réjouissante soirée d’impro que propose, comme d’habitude, la compagnie des Femmes à Barbe…