Le roi amusé, c’est François Ier, ceux qui le divertissent sont ses courtisans – dont il butine les femmes – et son bouffon difforme (Denis Lavant) qui rit hypocritement jusqu’à que sa propre fille n’intéresse le monarque. A 30 ans, Victor Hugo écrit là une œuvre provocante qui, sous couvert d’anachronisme, attaque violemment le pouvoir en place. De même qu’aujourd’hui François Rancillac utilise la pièce comme une arme de combat face à un sarkozysme tendance bling bling, dont une scénographie de paravents chromés se fait l’écho. La mise en scène joue donc l’adaptation contemporaine et insiste sur la pourriture de l’esprit courtisan où les lynchages sont monnaie courante : difficile de survivre seul contre une meute assoiffée de sang. Les jeunes comédiens jouent juste, dans ces parades suggérant des défilés de mode SM sur fond de musiques électroniques stridentes. Ce parti-pris très tranché choque les puristes et agace ou amuse les autres… Comme d’habitude, Denis Lavant est extraordinaire en écorché vif, mais il en fait peut-être trop en hurlant sa douleur de vivre tel un loup à la lune. Deux heures un quart à ce régime, quand même, c’est long.