Le Jeu des 1000 euros, anciennement jeu des 1000 francs, rassemble tous les midis des millions d’auditeurs sur France Inter. Inspiré par cette institution nationale crée en 1958, Bertrand Bossard a conçu un spectacle interactif qui questionne la culture, le divertissement et la liberté. Au théâtre de la Commune d’Aubervilliers qui accueille la pièce, l’animateur Nicolas Stoufflet enregistrait les émissions des 13, 14 et 15 janvier. Il évoquait cette « parodie rétrofuturiste » avant, comme chaque jour, de poser les questions envoyées par les auditeurs aux deux candidats, sur fond de public scandant « banco banco » ou « super super », d’une façon un rien moutonnière. N’empêche, avec cette création, Bossard défend une certaine idée de la culture.
Ça commence par des actualités à la voix nasillarde évoquant l’histoire d’un jeu que nous envierait le monde entier et dont la disparition susciterait un désarroi sans limite. En 2213, alors que la culture est interdite, l’animateur prend la tête d’une rébellion en organisant des émissions clandestines. Des spectateurs sont sollicités pour jouer les candidats, auxquels se mêlent une comédienne (Louise Belmas), Bossard incarnant l’animateur au côté du responsable de l’émission (l’excellent Vincent Berger) et du préposé au métallophone (Benjamin Farfallini).
Questions, réponses… Cette belle mécanique déraille lorsque des sujets culturels inspirent aux candidats des envolées enflammées sur le romantisme allemand, le « Sturm und Drang » de Goethe, ou sur l’Homme révolté de Camus, même si le portrait du fonctionnaire en homme révolté vire presque au ridicule… Entre des allusions à Kubrick, les comédiens pénètrent dans le cerveau de Deleuze, dans une mise en scène assez convenue et un chanteur français surgit sur le plateau comme un cheveu sur la soupe, à l’image de cette fin qui semble brusquement tomber du ciel. Mais on passe 1h10 rythmée, divertissante et instructive, bien sûr !