C’est une des références du vaudeville : l’amant, le mari trompé, l’arroseur arrosé… Ici, le dindon de la farce est cet amant impénitent, celui qui suit les femmes jusque chez elles pour une coucherie. Qui donc signe la mise en scène ? Non pas une star des boulevards mais Philippe Adrien, le directeur du Théâtre de la Tempête… Avec 4 nominations aux Molières 2011, cette version réussie est bien différente de l’adaptation tsigane vue en janvier au Théâtre 13. Ici c’est un peu plus long (2h20), les comédiens ont vingt ans de plus et ça fonctionne tout aussi bien. Car même si l’excellent Pontagnac affiche une belle calvitie, il séduit par sa faconde et son désir brut que manifestent ses hakas de rugby néo-zélandais…
Quiproquos, portes qui claquent, adultère, jeux de scènes et rebondissements : tous les ressorts de la comédie de boulevard sont ici exploités avec maestria par Feydeau, dans une langue très actuelle, et parfaitement mis en valeur par Adrien et ses comédiens. Chaque second rôle est explosif, la bonne criarde et boiteuse, le vieux valet sensible ou le militaire à la femme sourde comme un pot de chambre… Sans oublier les rôles principaux tout aussi soignés, M. et Mme Pontagnac, le benêt Vatelin qui ressemble à Pompidou, sa femme ou son amante anglaise… Quant au décor « molierisé » de Jean Haas, il dévoile un plateau tournant avec une enfilade de portes tout à fait dans le ton de la pièce.