Neuf comédiens, six musiciens, une scène dont les murs ont disparu : c’est dans le cadre d’une communauté tsigane qu’Hélène Lebarbier et Vica Zagreba ont choisi de mettre en scène ce Dindon écrit en 1896. L’écriture si vive de Feydeau est ici mise en valeur par des comédiens ultra dynamiques et des instruments au rythme effréné.
Pontagnac, coureur de jupons, suit une femme jusque chez elle, avant de se rendre compte que son mari est un ami à lui. Or celui-ci reçoit la visite d’une charmante personne qu’il a rencontrée à Londres, et dont il aimerait bien oublier l’existence… Comme c’est l’usage dans la comédie de boulevard, tout va s’embrouiller, amants et maîtresses, portes qui claquent, chassés croisés et dénouement rassemblant tout le monde sur le plateau.
Pourquoi donc un vaudeville tsigane, une « dindonerie tsiganesque » ? La nécessité d’un tel cadre n’apparaît pas immédiatement, il faut lire la note de mise en scène pour en saisir le sens : le désir de donner plus de joie, de folie, de liberté et de rythme à cette pièce enlevée. Du coup, cela crée un contraste étonnant entre les noms franchouillards des personnages (Pinchard, Vatelin, Rédillon, Pontagnac…) et leurs tenues tsiganes, décalage maladroit ou audacieux, au choix.
En tous cas, ce vaudeville réactualisé, incluant notamment une battle de danse entre prétendants à la même femme, ravit à la classe de collégiens présente ce soir-là. Menés par un excellent Sébastien Rajon en dandy dégingandé et sautillant (Pontagnac), tous les comédiens jouent juste, formant une troupe énergique et bondissante.