Lamine Lezghad a un parcours très original. Né à Alger, arrivé à Nîmes à dix ans, il passe son diplôme d’ingénieur à Limoges après une prépa scientifique tout en découvrant l’impro et la comédie… Depuis 2005 à Paris, il vient d’être propulsé en haut de l’affiche par l’émission de Ruquier. Jouant la carte de l’élégance et de la distinction dans une salle pleine du Temple, il est à la hauteur de sa jeune réputation : spirituel, à l’aise, avec de vraies qualités de comédien. Tout n’est pas original dans son show mais c’est toujours bien vu – à l’instar du sketch sur « funny funérailles » qui reprend une idée d’Elie Semoun, ou quand il évoque sa naissance en incarnant un spermatozoïde fainéant (son père aurait pu être Antillais, nous confie-t-il, tellement il est lent).
Comme le comte de Bouderbala, Lamine Lezghad dit avoir cessé d’être arabe, cette maladie qu’on attrape à la naissance ou par morsure de chameau. Pour ce faire il s’inscrit dans un séminaire de « désarabisation » animé par un guru aristo, censé lui réapprendre à parler correctement, c’est-à-dire sans « h » aspirés ni voyelles intempestives (très drôle), mais attention, dès qu’on lui sert un cocktail à la menthe, le voilà qui retrouve ses tics sarrazins…
Sur la forme, on dirait que Lezghad, comme pas mal de stand-upers, a été marqué par Dieudonné, avec ses rires qui se figent brusquement dans leur élan, ou son imitation d’accent africain – lorsqu’il joue un Parisien originaire d’Afrique noire qui se moque de l’accent du sud en se rendant à Nîmes. Son propos intelligent et rythmé, ponctué de vannes percutantes, roule tranquillement jusqu’au rappel. Le comédien tente alors d’improviser un sketch avec quatre mots donnés par le public, dans un passage un peu terne au regard du reste.