On a vu l’ex-leadeur des Deschiens en chanteur, en comédien, en metteur en scène, il est aussi chroniqueur sur France Inter… François Morel est de retour au Rond-Point dans un spectacle poétique et onirique sur le temps qui passe. Le titre, la fin du monde est pour dimanche, est une métaphore mise dans la bouche du premier personnage qu’il incarne, un grand-père qui regarde l’aube se lever et la montre à son petit fils : la vie est comme une semaine dont dimanche figure la dernière étape, les dernières heures.
François Morel n’est pas cynique, ni méchant, il est simplement drôle et émouvant. Son spectacle figure des portraits de gens, une suite d’images ou de tableaux plutôt que de sketchs ou de saynètes. Morel est donc un grand-père, un enfant qui ne supporte pas la vulgarité convenue du cirque (ça rappelle les Habits du dimanche, présenté en 2000), un quinquagénaire qui croit pouvoir encore séduire dans le métro, un comédien de seconde zone vêtu d’une armure ridicule. Ou bien cet homme amoureux d’une huître, une fine de Claire n°3, dans un passage comique très réussi… Tous ces personnages parlent de la vie de façon concrète ou figurée, comme dans cette allégorie du bonheur convoqué au tribunal qui évoque De quoi s’agit-il ?, une courte pièce de Jean Tardieu.
Le comédien séduit avec ses mimiques, souvent enfantines ou ingénues, et le ton de sa voix comme son univers rappellent Jean-Jacques Vanier. Une soigneuse mise en scène souligne son univers onirique, avec, dans un coin, ce piano blanc qui joue tout seul et lui permet d’entamer quelques nouvelles chansons, après ses deux albums Le soir des lions et Collection particulière. Un écran diffuse l’image d’Anna Karina désœuvrée et répétant en boucle dans Pierrot le fou : « qu’est-ce que je peux faire, je sais pas quoi faire… ». « Je sais pas moi, du gras, du sport, des voyages », lui répond le comédien qui entre dans le film. Morel dévoile ici ses états d’âme avec émotion, sans tristesse.