Avec la « Boîte de nuit », la compagnie Night Fever plonge parmi
les ombres des raves et des after, avant de dégainer DJ et sets électro.
« Qui sait ce que l’on peut trouver lorsque l’on soulève le couvercle d’une boîte de nuit ? » Entre cabaret, danse et théâtre, La Boîte de nuit est un spectacle inédit joué par la compagnie Night Fever, à ce jour la première tentative d’électrothéâtre, soit un avatar contemporain et électro du music hall. Non content d’assister à un spectacle sur le monde de la nuit, des raves et des after, vous finissez par danser sur le son des DJ invités. Fondée en 1996, Night Fever réunit deux comédiens et une danseuse, originaires de Nancy. Après avoir tourné en France et en Europe, joué deux années consécutives à Avignon, ils s’installent sur une péniche, près de la Villette, en mars 2003, pour y donner leur premier spectacle d’électrothéâtre, Universal Dance Floor. Ils réalisent ensuite le Love Shaker Tour, une électro-comédie d’horreur dans la lignée du Rocky Horror Picture Show. La Boîte de nuit est leur nouveau projet.
« J’ai toujours été fasciné par les contorsionnistes. Enfant, quand je les voyais disparaître dans de véritables boîtes d’allumettes, je retenais mon souffle », commence Shaker. Avec sa voix de série télé américaine, ce Monsieur Loyal en costume blanc raconte sa passion pour la nuit : « J’ai une tête de vinyle… J’ai avalé le dancefloor. » Il est accompagné d’un DJ et de deux comédiens qui jouent, tour à tour, une douzaine de noctambules hallucinés. « La forme du spectacle est atomique, explique Étienne Mallinger, auteur prolixe des seize spectacles de la troupe. Autour d’un noyau central de fantaisie explosive gravitent des électrons (comédiens, danseurs, DJ résident et invités…) dont l’énergie impose aux lunes d’étranges orbites. » Ainsi défilent sous nos yeux fascinés ou amusés des personnages dont les costumes éclatants ont été conçus par Estelle Garbo : une danseuse de french cancan, un ringard en mocassins fana de slow, une fille tribale qui se trémousse, loupiotes allumées aux chevilles et aux poignets, un joker, une créature imaginaire, BCBG et délurée, et Coup de boule, un raveur devenu sourd à force de se coller aux enceintes…
Plus vraie que nature, cette faune nocturne va et vient au gré des souvenirs de Shaker, narrateur sous emprise onirique. La musique est là pour illustrer ces variations d’humeur : quand la défonce tourne au cauchemar, Force Blonde, le DJ, passe d’un Jephté Guillaume planant à Emperor Machine – et Coup de boule revient avec une cuvette de chiotte sur la tête… Le bad trip. Entre Barry White ou les Scorpions, on entend les compositions originales de Léonard de Léonard et 2TH, comme ce remix techno du french cancan. Et le public dans tout ça ? Assis, tranquille, dans la cave du Troisième Lieu, bar lesbien fréquenté par des fêtards à l’esprit ouvert, vous sirotez une bière ou la manzana offerte au cours du spectacle. Inutile de se retenir de siffler quand la danseuse se faufile entre les rangs. Quand le rideau se ferme, c’est à vous de guincher jusqu’à 2 heures, aux côtés des comédiens costumés, sur les mixes des DJ invités – qui sait si ce ne sera pas Ivan Smagghe, Princesse Lea ou I : Cube le soir de votre venue. D’une pierre deux coups, assistez et participez à électrothéâtre.