L’Amant d’Harold Pinter, par Jean-Antoine Marciel

A l’heure où l’œuvre de Pinter triomphe dans le monde entier, une très jeune compagnie s’y attaque. La mise en scène, classique, est à mille lieues des interprétations vaudevillesques qu’elle a pu susciter. Le mari, la femme, l’amant, la prostituée… Dans une ambiance irréelle, les personnages s’inventent des vies, des jeux amoureux, mais ne communiquent pas. Les comédiens affectent une élocution lente et monotone. Malgré le risque de tomber dans un style mécanique, la troupe parvient à faire entendre le sens tapi derrière la langue : illusions, solitude et vertiges du quotidien. Ce parti-pris de jeunesse et de conviction sert à merveille un texte qui, à partir d’une réalité banale, révèle une humanité souffrante.

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