Qu’est-ce que ce titre à rallonge ? Qui est Superbarrio ? Un Super Mario des favelas ? C’est le nom d’un ouvrier et ancien champion de lucha libre qui connut son heure de gloire après les tremblements de terre de Mexico, en prenant la défense des sinistrés. Coïncidence, le séisme a eu lieu le 19 septembre 1985 et le jeu est sorti le 13 septembre de la même année. Inspiré de faits réels, l’auteur et metteur en scène Jacques Hadjaje a conçu un conte social qui fait écho à la lutte des indignados, où sont évoqués d’une façon burlesque les rapports de force qui traversent et bousculent la société. Une fresque post-tremblement de terre donc, avec un côté picaresque, foisonnant de luttes politiques et vibrant d’une vitalité latino-américaine.
Dans ce spectacle énergique, la scène est toujours investie par les comédiens et la musique jouée live par un bassiste – violoniste caché derrière le décor, une palissade montrant une fresque colorée, où se greffent un cube de verre figurant un building, une échoppe de rue, une loge de striptease. Car autour de Superbarrio gravitent sa sœur, un cousin policier, une stripteaseuse, un travesti, un magicien qui doit l’assassiner, mandaté par une femme sans scrupule, à la tête d’un groupe immobilier. Face à cette incarnation du néolibéralisme qui menace le pays, Superbarrio parviendra-t-il à devenir président pour venger le peuple délogé par le séisme ?
Jacques Hadjaje a écrit un conte social bien ficelé, mais dont on ne sent pas toujours la nécessité. Quelques trouvailles sont belles : un ange tombé du ciel qui essaie de comprendre les mœurs humaines, ou ce confessionnal, une ouverture dans la palissade qui offre aux personnages de courts soliloques lyriques sur l’amour, la foi, etc. Mais Guillaume Lebon manque un peu de charisme pour camper l’envergure du héros, ce lutteur bedonnant et amoureux au costume bien trouvé – masque de catcheur mexicain, slip et collant de super-héros -, que les autres personnages, pourtant bien incarnés, éclairent sans vraiment le mettre en valeur.
Tout est à la lisière du grotesque et le plateau vibre d’une effervescence à la fois familière et exotique, mais on reste un peu en surface, sans bien comprendre si c’est lié au texte ou aux comédiens…