« Stand-up assis », dit le communiqué de presse. Formule efficace et un peu mensongère – c’est le jeu de la communication –, puisqu’il s’agit de conte. Plus précisément de rakugo, un genre de conte humoristique japonais auquel a été initié Stéphane Ferrandez. Tête marrante, nez aquilin et queue de cheval, il apparaît en kimono et ne tarde pas à laisser résonner une voix aiguë qui rappelle les mangas japonais ou certains films américains. Cette voix, le conteur la module à loisir pour passer d’un personnage à l’autre, tandis que son visage adopte les mimiques les plus comiques… Assis sur les genoux, il interprète son histoire à l’aide d’un éventail et d’un tissu, deux éléments qui doivent suffire à représenter toutes les situations. Voilà, donc, le rakugo.
C’est d’une façon enjouée que Stéphane Ferrandez amorce son spectacle, en évoquant sa rencontre avec un maître japonais qui lui transmet l’art rakugo, non sans résistance. Ses histoires sont enchâssées dans sa discussion avec le maître, avec lequel il déguste une grande Asahi fraîche dans un bar d’Osaka. Ce faisant, le conteur rend aussi hommage, 100 ans après, à Henry Black, le « conteur aux yeux bleus » reconnu par les Japonais « maître de la parole » et qui fut le premier à amener le rakugo en Occident.
Stéphane Ferrandez est un conteur très convaincant, qui sait installer son ambiance et mettre le public en confiance. En plus, il parle japonais et rebondit à l’aise sur les paroles de quelques spectateurs nippons. Reste alors la nature de ces contes… Une femme tente de faire ses besoins au bord d’un chemin sans offenser l’esprit de la nature, un échoppier sert une nourriture particulièrement indigeste, un servant s’enfile 11 litres de saké sans ciller, à la stupéfaction de son maître et du cabaretier. Autant d’histoires qui ne vous feront pas éclater de rire, malgré leur lots de comique de répétition, de situations et de mime bruité, quand le comédien feint de manger des pâtes de façon très bruyante. Mais on savoure la singularité de cette atmosphère feutrée, un samedi après-midi, à deux pas de l’agitation du boulevard Bonne Nouvelle.