Hans Peter c’est un personnage de clown directement inspiré de Beethoven, un violoniste aussi virtuose que ridicule. Son Tragic Konzert est un spectacle où l’on découvre le polyvalent Christian Tétard, tantôt mari tantôt accessoiriste de Maria Dolores, mais aussi compatriote d’Alexandre Pavlata dans un duo sur la crise grecque, dans un registre de musicien extraordinaire. La salle est pleine à craquer pour le premier de ces deux soirs qui clôt sa résidence au théâtre du Samovar, où le comédien enseigne par ailleurs.
La performance vaut le détour : c’est toute la tension, le trac, la sensualité des musiciens d’orchestre qui est montrée. Scotché à son instrument, Hans Peter en est l’esclave, son violon le fait suer, tantôt il le désespère, tantôt il le fait jouir. C’est un combat permanent entre la rigueur et la sensibilité, nourri de clichés sur le romantisme allemand. Sans se départir d’une prestance clownesque, il passe du classique au folk irlandais, explorant avec maestria un large spectre de styles musicaux. Sans compter qu’il peut aussi faire chanter les oiseaux – et alors on entend vraiment crier les mouettes.
Les passages sans musique sont tout aussi appréciables, comme ces références délirantes aux arts martiaux, ou ce morceau de bravoure solitaire à la biscotte, lorsqu’il écoute une chanson d’amour criante de solitude, « Je vais t’aimer » de Michel Sardou. Tétard mime toutes sortes d’émotions, haussant l’un ou l’autre sourcil pour souligner les envolées instrumentales de Beethoven. Le jeu est précis, fin, suggestif : bref, une marsterclass de clown musicien à conseiller à tous les publics !
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