Davantage que dans le drive in de la Folie Kilomètre, une réelle interactivité imprègne la nouvelle création du groupe ZUR, PROCHAINEMENT !, présentée au festival d’Aurillac 2016. On est emmené en bus, à l’extérieur de la ville, dans un endroit aménagé en cinéma de plein air. Le film, projeté par une machine tarabiscotée, comme sortie d’un rêve poussiéreux, déroule une succession de séquences et d’histoires de voyages qui vont nous projeter dans un tableau vivant.
En effet, au bout d’un moment, des formes animées se dessinent derrière la toile qui se fissure et qu’un personnage franchit en invitant le public à le suivre. On pénètre alors une zone de tournage et on entend une voix de femme à l’accent italien appeler les machinistes sur les plateaux. Nous sommes aussitôt enveloppés d’une atmosphère onirique, teintée d’inquiétante étrangeté, et l’utopie se réalise sous nos yeux. Nous découvrons pas à pas des machines compliquées, des jeux d’ombres chinoises, la proue d’un bateau reversée, les rails d’un train et une grande cage où un maître chien d’un autre âge tient des gens prisonniers. On entre de plain-pied dans un espace à la fois réel et imaginaire, aux volutes sonores entêtantes, où il est loisible à chacun de se faire son propre film.
En fait, le public a sous les yeux les éléments du court-métrage projeté avant, parties de décor qu’il peut appréhender sous tous les angles. Dans ces fabriques d’ombres et de rêves prennent place des musiciens, une danseuse, avant que ne défilent des masses d’individus aux contours mal définis. Les spectateurs sont libres de déambuler où bon leur semble, dans cet espace dédié au rêve, à l’utopie et au cinéma. Bref, avec cette création, la « Zone Utopiquement Reconstituée » ouvre de vrais horizons à l’imagination du public, sujet à toutes les stimulations visuelles et sonores.
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