Dans l’ex-Espace la Comedia devenu l’Auguste Théâtre, on découvre Gean Cartier, un jeune comédien inspiré de figures illustres comme Jean-Jacques Vanier, Ged Marlon ou Pierre Desproges. Son spectacle, Dérives des intéressés, est à l’image du titre : abstrait, cérébral et plutôt bien vu. Arrivé en scène avec assurance, le comédien confie sa difficulté à trouver des idées inédites quand tout à déjà été inventé (en d’autres termes, comme disait Valéry, « On n’invente que ce qui s’invente et veut être inventé »). D’autant, dit-il, qu’on ignore où ces idées usées ont traîné. Il remonte ensuite à la préhistoire, pour expliquer la différence entre, chez l’homme, l’œil précis du chasseur cherchant sa proie, et, chez la femme, le regard panoramique surveillant la grotte. Bien vu, en effet…
Mais après un faux tour de magie (réflexe courant chez les stand-upers en manque d’inspiration), il passe en revue ses professeurs et file des jeux de mots comme : « En littéraire, c’est là qu’on math les plus jolis physiques », appuyant d’un geste chaque équivoque. Entre des passages conceptuels ou longs, cette tarte aux pommes préparée en direct ou le portrait d’un homme désespéré amoureux de sa secrétaire, et des trouvailles inspirées comme ce nouveau métier, punching ball officiel de la SNCF, Gean Cartier emmène les spectateurs dans son monde où l’on réfléchit davantage que l’on rit.
En outre, ses descriptions fourmillantes de détails sont portées par une diction sans doute un peu trop appuyée. Pour nous faire rire davantage, Gean Cartier gagnerait à formuler ses observations absurdes avec une concision humoristique, de façon plus vivante.