Après Collection particulière, François Morel sort son deuxième album, Le soir, des lions et vient le chanter sur la scène du Rond-Point qu’il a souvent foulée. On retrouve avec plaisir le leader des Deschiens, surtout connu pour ses qualités de comédien, poussant ici la chansonnette sans jamais tomber dans l’excès de sérieux, dans un décor de fête foraine, planches de bois et lampions, voulu par la chanteuse Juliette qui signe la « mise en lumière ».
Sur scène, Morel est bien entouré : deux filles habillées rétro, robes à fleurs et chapeaux, brillent au vibraphone, au trombone et au saxo, tandis qu’un excellent pianiste (Antoine Sahler) tente de placer sa propre chanson tout au long du spectacle, une bossa nova de supermarché parlant d’île paradisiaque… Les textes, bien troussés, poétiques ou drôles, évoquent la vie et la mort, les coups de jaja dans la cuisine entre potes ou son enfant qui ne veut pas dormir. Pas une seconde de trop dans ce cabaret rythmé par la musique de Reinhardt Wagner et Antoine Sahler, parfaitement arrangée.
Comme d’habitude, l’humoriste excelle dans ces interludes où il joue le benêt aux grands airs expliquant la vie à ses interlocuteurs. A la fin, les rappels se succèdent, les chansons s’enchaînent et on a droit à un passage reggae, avant la toute dernière chanson en forme de confession, « Mourir sur scène » de Dalida. En somme, un music hall à la bonne franquette mais d’une grande qualité musicale, à l’inverse de Balade parisienne dont la poésie s’exprime aux dépens de la musicalité… Exigeant et accessible à tous.
PS – Le titre de l’album vient d’une phrase prononcée par un patron de trattoria à propos de ses serveurs, fatigués le matin après avoir fait la fête : « le soir des lions, le matin des couillons » (« a la sera leone, leone, a la matina, collione, collione »).