Mort du SIDA en 1984, le grand intellectuel Michel Foucault appartient à une époque effervescente et engagée que certains regrettent aujourd’hui. Formé à la philosophie, à l’histoire, à la psychologie, il analyse le réel, la folie, la prison et cherche à faire évoluer la société en « réagissant à de l’intolérable », selon les mots de son collègue philosophe Gilles Deleuze.
Cela fait plus de cinq ans maintenant que le collectif F71 travaille sur Michel Foucault, à travers une sorte de théâtre documentaire. Dans l’agitation intellectuelle du début des années 1970, on critique la condition carcérale, les abus policiers, le racisme. Outre la création du Groupe Information Prison (GIP), il est aussi question de l’affaire Jaubert, ce journaliste frappé par les policiers dans un fourgon alors qu’il accompagnait un homme ivre et blessé à l’hôpital, et du comité Djellali, créé avec Deleuze et Claude Mauriac à la suite de l’assassinat d’un Algérien de 15 ans par son concierge dans le quartier parisien de la Goutte d’Or.
Le dispositif, efficace, s’appuie sur des documents, des questionnaires d’informations remplis par les prisonniers, des extraits d’interviews de Foucault qui passent sur une petite télé. Cinq comédiennes interprètent sans déguisement ces intellectuels, en faisant primer la parole et le message sur l’incarnation des personnages. Et ça marche : elles donnent à voir ces réunions où s’élaborent pas à pas, ligne à ligne, les pétitions… Des tracts sont ensuite distribués au public qui est amené à changer de place pour modifier son point de vue. Outre Foucault 71, qui fait état de la création du GIP, le collectif présente La prison et Qui suis-je maintenant ?, les deux autres volets de cette trilogie consacrée à Michel Foucault.