Foutez-moi la paix
Grands donneurs de leçons
Avec vos guerres et paix
Et autres crêpages de chignons
Faites pour diviser la masse,
Les histoires de la Télévision
Nous accablent et nous tassent
Plus profond dans notre peur en carton
Allez c’est du propre,
Presque sans trace,
Surtout pour les nouvelles générations,
Il faut bien que jeunesse se passe
Quand l’alcool coule à flot
Dans l’gosier des marmots
Ils sont pas encore finis
Trop d’bédos dans l’cerveau
Allez roulez jeunesse
Le cœur en liesse
Le corps à la dérive
Et tes parents qui se privent
Moi tu vois j’ai pas besoin
De dire de gros mots
Pour me faire entendre
Je laisse couler le flot
Quand t’auras connecté
Tes neurones
Tu pourras venir me voir
On discutera de demain
Mon gars ouvre un Larousse
Ou un petit Robert
Pas Julia, inculte,
Quand tu sauras lire tu seras fier
En attendant vas-y,
Mets la donc en sourdine
Prends une gratte et bosse,
Que ce soit ta routine
Ou alors
A toi l’argent facile et les histoires tragiques
D’une société qui se perd
Dans l’temps c’était magique
Je parle comme un vieux réac
Ou un gosse anarchique
Là c’est la loi du plus fort
Mon stylo a la trique
Les journalistes sont tous les mêmes
Surtout ne pas parler des vrais problèmes
Ils sont aujourd’hui des vendus
Sauf ceux retrouvés pendus
Et puis le ticket de métro
Qui passe à deux euros
Avec ce gouvernement
Aux décisions frêles
Et la hausse des prix
Dans les supermarchés
Ça me donne vraiment
Envie de gerber
Il s’agit pas de chaque soir
Faire un gros festin
Mais que le peuple enfin
Puisse manger à sa faim
Les patrons du CAC 40
Il faut tous les virer
Même si les potes sont là
A chaque fois pour les remplacer
Alors qu’employés, ouvriers,
Ravalent leur misère,
Deux poids deux mesures,
Y’a pas de quoi être fier
Trop facile de s’adonner
A la télé réalité
On nous abreuve de clichés
Où chacun peut se retrouver
Moi je vais bien,
L’autre c’est pire,
A soi, chacun,
La couverture on tire
Faut dire qu’on nous donne pas l’exemple
De valeurs sûres, d’Indépendance
Quand le travail n’est pas reconnu
Et que ce qui est corrompu
Me saute à la gueule chaque seconde
Car seule aujourd’hui la révolte est féconde
A la défonce éternelle
D’un peuple sous le joug
D’une peur bleue universelle
On nous a mis à genoux
* * *
Ce texte fait partie des 29 poèmes reçus mercredi 25 mars 2020, lors de la première scène confinée du Chat Noir. Retrouvez les autres dans le compte-rendu de cette restitution virtuelle.