« La 1ère fille à se lancer sur le terrain du très politiquement incorrect et de l’humour noir », indiquait le communiqué… Non, Emma Gattuso, qui a choisi le patronyme du capitaine italien vainqueur de la France lors de la Coupe du Monde de 2006, n’est pas la première humoriste à verser dans le mauvais esprit. Axelle Lafont, Sandie Masson, ou Sophie Jézéquel, notamment, l’ont précédée. Le côté trash est certes un peu systématique, mais amené avec une simplicité qui fait passer le courant. L’ambiance est bonne dans la salle.
Le problème, c’est qu’à vouloir choquer, Emma Gattuso morcelle son show en un catalogue de saillies plus ou moins provocantes. Ainsi par exemple, ces pages publicitaires, où elle parodie avec bonheur les spots de Carglass ou Groupama dont elle imagine l’égérie, Cerise, réduite en miettes. Entre ces séquences parodiques, son jeu de « shoot’em up» reprend, visant les mecs aussi bien que les filles qui se vannent en comparant sournoisement la taille de leurs culs. Elle ridiculise les chansons inoffensives de Bénabar, et, tic propre aux stand-upers, fait parfois suivre ses observations de mines outrées d’incrédulité moqueuse.
En se raillant les magazines féminins qui exaltent le goût supposé des hommes pour les femmes rondes, la comédienne légitime finalement le diktat de la minceur propagé par ces mêmes magazines. D’où le sentiment que son acrimonie joyeuse confine à la subversion systématique. Emma Gattuso brise les tabous, certes, mais pas trop. Et lorsqu’il s’agit des religions, comme beaucoup d’autres, elle critique les cathos, voire les juifs « très présents dans le showbiz », sans toucher aux islamistes qu’elle craint de froisser.
Futée, à l’aise pour tchatcher, la comédienne semble fidèle à elle-même, au-delà du rôle qu’elle se donne. Donc l’heure passe bien en sa compagnie, malgré une succession de micro séquences qui s’essouffle lorsque le rideau tombe – à pic.