Elise Rabia, J’aime le crépuscule et la nuit

    J’aime le crépuscule et la nuit. J’ai l’impression que tout y est permis. L’un porte sa lumière sur tous les visages et ses ombres sur tous les paysages. L’autre offre un univers infini, celui d’une confidence jamais offerte, celui d’un lendemain meilleur, inconnu, banal ou déroutant. C’est dans cette pénombre qu’une main en cherchera une autre, que ton souvenir m’envahira, qu’une nouvelle ferveur naîtra.

    Il faut être courageux pour s’aimer le jour, quand la lumière est crue, quand nos yeux voient tout ce qui a déjà été vu. Une relation qui ne connaît que le jour me semble fade et sans répits, tandis que la caresse de la nuit nous distrait, éloquence aux pays des non-dits.

    Entre chien et loup j’ai surpris tant d’émotions, au creux d’un mouchoir ou d’un pantalon. J’ai aimé tant d’histoire de cuivre et de coton, écrasé mille larmes, offert tant de saisons.

    Il était nuit un jour et je n’ai rien senti, que ton absence au four de mon ennui.

    Il faisait jour cette nuit, tu as perdu la vue et j’ai tout ressenti.

    Au crépuscule de mon amie, aux matins de mon amant, aux rêves sans lendemains, aux vérités brûlantes, y aura t-il toujours une nuit qui précède nos déferlantes ?

    * * *

    Ce texte fait partie des 37 poèmes reçus mercredi 15 avril 2020, lors de la deuxième scène confinée du Chat Noir. Retrouvez les autres dans ce compte-rendu.

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