Émilie du Châtelet (1706-1749) est une femme de lettres et de sciences du 18e siècle. Pendant dix ans, après avoir quitté mari et enfants, elle a vécu en concubinage avec Voltaire dans son château de Cirey. Malheureuse de vivre à une époque où les femmes n’ont accès ni aux ministères, ni à la gloire littéraire, elle trouve son réconfort dans l’étude et les plaisirs quotidiens. Eux, a-moins, lui procurent un bonheur sûr.
Son Discours sur le bonheur est écrit dans la langue claire, précise et intelligente du siècle des Lumières. Elle y dévoile les secrets d’une expérience accumulée qui profitera aux plus jeunes : comment se contenter de ce qu’on a pour être heureux ? Il faut savoir ce qu’on veut, être vertueux pour le bien de la société, apprécier d’autant plus intensément les instants de plaisir qu’ils sont rares… Si ce mélange de bon sens et de questions philosophiques prônant le doute face aux préjugés a un air de déjà entendu, ils n’en est pas moins pertinent.
Sur scène, la comédienne Édith Vernes est parfaite en marquise, accompagnée d’un valet presque mutique, aux mimiques et gestuelles d’une déférence comique (Sylvain Begert). Elle dit ce texte avec une grande clarté et nous transmet, durant une heure, la pensée d’une grande femme de son temps. « Sachons bien ce que nous voulons être », répétait Madame du Châtelet à qui voulait l’entendre… Et c’est peut-être, au fond, son conseil le plus pertinent.