Cet été, la deuxième édition du festival Sautes d’humour, qui présente au Tarmac de la Villette trois humoristes du continent africain, a été inaugurée par Dieudonné Kabongo, Belge originaire du Congo Brazzaville. Avec une rhétorique reposant sur des choses simples articulées avec du bon sens et une logique sans faille, le comédien raconte l’histoire d’un village qui n’a pas encore été découvert par les colons. Mais est-il préférable d’être découvert par des Belges ou par des Français (allusion aux colonies belge et française qu’étaient le Congo Kinshasa et le Congo Brazzaville) ? Avec la volonté d’en rire, Dieudonné Kabongo développe un raisonnement absurde en considérant son propre peuple d’un point de vue du colon blanc. Ainsi les noirs ne savaient pas qu’ils était noirs avant que les blancs (d’ailleurs roses) ne le déclarent, tout comme les bandes noires des passages piétons n’apparaissent qu’une fois peintes les blanches ! Quant aux Américains, ils ont pratiqué durant la traite négrière une immigration choisie, laissant enfants et vieux pour prendre les hommes et femmes valides qui allaient devenir les stars de la soul music… Osé ! En plus de jeux de lumière soignés, la mise en scène crée une interaction entre le comédien et ses doubles filmés qu’il interpelle lors de ping-pongs verbaux très rythmés. Dans une belle langue truffée de jeux de mots, Dieudonné Kabongo Bashila propose une réflexion sur le rapport entre la Belgique et la RDC qu’il a quittée il y a longtemps. Du grand art.