C’est déjà le 3e one-man-show de l’humoriste à la touffe hirsute et cette fois inflammable. Ancien pubard converti à l’humour, David Azencot officie sur scène, sur Canal et sur le web avec le Studio Bagel. C’est une nouvelle analyse sociale qu’il nous livre à la Nouvelle Seine, une chronique de notre époque précise, intelligente et informée.
Azencot a l’ironie mordante et efficace : « je hais les brocantes », commence-t-il par dire à l’horizontale, allongé sur la scène, en évoquant ces marchands qui enfilent des bobos quarantenaires en Stan Smith en leur refourguant des gadgets des années 80. La nostalgie des dessins animés chez les quadras lui est suspecte.
Inquiet d’une évolution d’internet où des pop up l’invitent à « baiser des femmes moches », alors qu’il demande un minimum d’estime de soi à ses partenaires sexuelles, il nous informe que le web va détruire 40 % des jobs dans les 40 ans à venir, en conséquence de quoi nos enfants deviendront tous « chefs de projet » !
Si Saint-Augustin nous invitait à « désirer les choses qu’on a déjà », l’époque est aux crédos consuméristes rabachés en école de commerce. Azencot se déclare, quant à lui, adepte du « dorming », s’inquiète de n’être pas au courant du complot juif mondial bien qu’étant juif, et rappelle qu’en France une femme est violée toutes les 40 minutes – et même que 27 % des gens disent qu’elles l’ont bien cherché !
Bref ça fuse, c’est nourri d’informations parfois dérangeantes, mais le comédien fait passer le tout avec de l’autodérision et beaucoup de style.
Si Azencot n’a pas d’enfant à 40 ans, en revanche Olivia Moore, qui signe la mise en scène et la première partie, se décrit comme une mère de famille nombreuse et recomposée subissant la pression de dictateurs de 80 cm. Les futures mères ne sont pas prévenues du calvaire à venir, nous rappelle-t-elle, comme jadis Florence Foresti dans Mother Fucker.
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