Comme son nom l’indique, Charloose est une looseuse – elle habite d’ailleurs juste à côté du métro Filles du Calvaire. Le personnage créé par la comédienne Charlotte Creyx est une jeune nana rigolote dont la vie part en vrille à tous les niveaux : ses rapports aux mecs qu’elle fait fuir par ses maladresses et son insistance, sa rivalité avec sa soeur, ses échecs répétés au permis de conduire… Si le thème de la loose est loin d’être nouveau dans le one-man-show (voir par exemple Élie Semoun, Jérôme Daran ou Frédéric Koster), on peut reconnaître à Charlotte Creyx de l’exploiter à fond – au risque que la déprime et la névrose d’échec ne finissent par contaminer sa prestation. Elle n’hésite pas, sur scène, à se montrer sous toutes ses coutures, en enfilant devant le public devenu voyeur culottes, soutiens gorges, T. shirts et robes (au prétexte qu’elle se prépare à accueillir un garçon qui, évidemment, ne viendra pas). On la découvre aussi modèle aux beaux arts, superwoman poing en avant sur le plateau tournant du Bout rond. Que signifie cette chair de clown triste mise à nu ? Statut de femme-objet délaissé ou cache-misère d’une inspiration défaillante ? Charlotte Creyx incarne bien son personnage, mais le rythme est lent, surtout dans ces longs silences signifiant qu’elle écoute parler ses interlocuteurs. En outre, elle n’évite pas certains clichés humoristiques, comme dans le dernier sketch (« I want to be a star »), où elle fait mine de parler anglais avec un accent français qu’on a déjà entendu 150 fois…