C’est le retour à la Villette, pour la 3e fois, du Nouveau Cirque du Vietnam qui se singularise par son caractère traditionnel et virtuose. Après Làng Tôi (2011) et A O Lang Pho (2016), Teh Dar (« tourner en rond autour d’un feu ») explore la culture et les rituels des K’ho, une ethnie minoritaire des hauts plateaux du sud du Vietnam, proche de Da Lat.
Le décor est malléable, artisanal, ingénieux : des bambous de toutes les tailles en gerbes verticales, longues perches ou piliers d’un chapiteau en construction, qui servent les acrobaties avec les coques d’osier. La musique est jouée live, inspirée par cette ethnie des hauts plateaux. Les instruments rappellent d’autres traditions, flûte en bambou, gros tambour, cordes sur peaux et calebasses évoquant la kora ou le berimbau. Ce rythme lancinant, très marqué, confère une dimension spirituelle au spectacle, qui, avec les danses et les masques, nous transporte dans un village ouvert sur l’imaginaire.
Les acrobates sont d’incroyables athlètes, danseurs et contorsionnistes jonglant avec des bambous qui font cinq fois leur taille. Ils se meuvent tous en un ballet fluide dont la synchronisation est à la fois précise et élastique, avec une célérité digne des meilleurs films de kung-fu. Prises une à une, les trajectoires des corps et des objets qui animent la piste pourraient sembler simples, mais leur somme provoque un spectacle extraordinaire. Est-ce la tradition acrobatique dans les villages des hauts plateaux ?
Le rythme, l’énergie et la vitesse imprègnent cette série de tableaux où domine parfois une dimension plus contemplative, entre un début et un final très acrobatiques. A l’issue de cette représentation époustouflante, la troupe joue et chante dans le chapiteau annexe, au milieu des spectateurs venus boire un verre.