Il n’est pas rare qu’un comédien reconnu au cinéma ou dans un répertoire théâtral classique soit pris par l’envie de se lancer seul en scène. Parmi eux, certains sont gays et jouent de cette identité pour décrire des parcours où la mère joue un rôle important, comme, dans un style assez voisin, Laurent Gérard, Guillaume Gallienne ou, en parodie de diva de music hall, Michel Fau.
Si l’on retrouve les clichés habituels du milieu homo, avec une fascination pour les robes longues et les tuniques, Laurent Spielvogel est avant tout juif. Obligé d’aller aux cérémonies religieuses, à la synagogue, tenu à faire sa bar mitzvah, il nous dépeint avec panache une mère possessive et jalouse qui, au fond, refuse l’idée qu’il puisse un jour se marier à une femme, fût-elle juive… On fait aussi connaissance avec un père grognon, une grand-mère attachante à l’accent à couper au couteau, ou ce rabbin prosélyte qui lui crache au visage des graines de tournesol. Bref, une traditionnelle galerie de portraits, certes bien joués, mais d’une facture excessivement traditionnelle.
Laurent Spielvogel nous raconte une vie qui, si elle n’est pas extraordinaire, est portée par un talent de jeu et de narration qui amusent ou distraient, de l’enfance où il se plait à défiler dans la garde-robe de sa grand-mère du Marais jusqu’aux backrooms voisins où il croise ce vieux mondain pédant qui place des velours entre chaque mot, sans oublier son métier de comédien, entre castings et répétitions… Durant une heure vingt, le comédien présente un spectacle autocentré et finalement peu long. En d’autres termes, le seul en scène dans toute sa splendeur !