Rachid Badouri est à la fois une boule d’énergie à la Tex Avery et un artiste généreux qui voue un grand respect à son public, conscient de tout lui devoir. Cinq ans après Arrête ton cinéma, le voici de retour Rechargé dans une confession qui couvre ces cinq années de vie bien remplies. Micro réglé ultra fort, il tchatche avec une verve précise et survoltée, hurle ou bondit sur scène. Ses sujets de prédilection : comme d’habitude, son père à la fois dur et généreux, mais aussi sa mère et son mariage – ou un passage angoissé et trivial consacré à son nettoyage de colon.
Heureusement donc, il n’a pas cessé de faire le clown, multipliant les grimaces et les voix caricaturales, aidé par des changeurs de voix aux effets comiques. Certes, Badouri imite toujours l’Asiatique avec son faciès à la Michel Leeb, mais il ne donne pas dans le folklore québécois. Il préfère observer les différences culturelles entre la France et le Canada, comme cette bulle protégeant l’intimité des individus, dont il déplore l’absence sous nos contrées. Traduction ? Ici on se postillonne à la gueule.
Le moment fort de son spectacle est sans doute celui consacré à son mariage, présenté comme une expérience extra-terrestre. Il découvre un changement radical dans la personnalité de sa femme avant et après la cérémonie : celle qui était si charmante et réservée se transforme en une créature grossière, monstrueuse presque. Ça a beau être caricatural, c’est très bien observé.
Après avoir été vidé en faisant l’expérience d’une épreuve difficile, Badouri a repris du poil de la bête (de scène). Rechargé, il pète la forme et en fait profiter son public, jusqu’à une grosse surprise finale.